Alerte en Afrique du Sud : les professionnels de santé s'inquiètent du vapotage chez les adolescents et de ses effets sur leur santé mentale
Publié le 9 mai 2025
Par : Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 7 mai 2025
Temps de lecture : 6 minutes
Le vapotage chez les jeunes sud-africains atteint des niveaux inquiétants. Une récente enquête menée
dans 52 lycées à travers le pays, auprès de plus de 25 000 élèves, révèle que près de 18 % des adolescents vapotent régulièrement, avec un pic de 25 % chez les élèves de Terminale. Plus alarmant encore, 47 % déclarent vapoter dès leur réveil – un indicateur clair de dépendance à la nicotine.
Le phénomène ne se limite plus aux lycéens : des cas sont désormais rapportés jusque dans les écoles primaires. Face à cette tendance, les professionnels de santé mentale tirent la sonnette d’alarme.
Des effets alarmants sur le cerveau des jeunes
La Société sud-africaine des psychiatres (SASOP) met en garde contre les effets du vapotage sur la santé mentale et physique des adolescents. Selon la Dre Wisani Makhomisane, une cigarette électronique peut contenir jusqu'à 137 mg de nicotine – soit l'équivalent de 20 cigarettes classiques.
« La nicotine agit directement sur le cerveau, encore en plein développement jusqu’à l’âge de 25 ans », explique-t-elle. Le lobe frontal, responsable du raisonnement, de la prise de décision et du contrôle des impulsions, est particulièrement vulnérable.
La Dre Stacey Ocshe ajoute : « L’exposition précoce à la nicotine perturbe les circuits neuronaux et augmente les risques d’anxiété, de dépression et même d’idées suicidaires. »
Un marketing ciblé et une législation encore floue
La popularité du vapotage chez les jeunes s’explique en partie par une stratégie marketing bien rodée : designs colorés, saveurs fruitées, influence des réseaux sociaux et de célébrités. Malgré l’interdiction de vente aux mineurs, les adolescents accèdent facilement à ces produits, notamment via Internet.
En Afrique du Sud, la législation actuelle ne réglemente pas clairement l’usage des e-cigarettes, notamment dans les lieux publics. Le gouvernement travaille sur un projet de loi — le Tobacco Product and Electronic Delivery System Control Bill — pour mieux encadrer la vente et l’utilisation des cigarettes électroniques, mais ce texte n’est pas encore en vigueur.
Une pression de l’industrie du tabac bien réelle
Malgré des intentions de réforme, l’Afrique du Sud reste exposée à l’influence de l’industrie du tabac. En 2020, sous pression de groupes soutenus par l’industrie, le gouvernement a maintenu les taxes sur les cigarettes à 40 %, bien en dessous du taux recommandé de 75 % par l’OMS.
En 2024, Philip Morris International a même financé des formations médicales destinées à présenter les e-cigarettes comme moins dangereuses que le tabac classique, une initiative dénoncée par les associations de santé publique.
Un appel à la prévention et à l’éducation
Les professionnels insistent sur l’importance de l’éducation à la santé, à la maison comme à l’école. Comme le souligne la Dre Makhomisane :
« Moins nocif ne signifie pas sans danger. Les parents doivent fixer des limites claires, au même titre qu’avec l’alcool ou la drogue. »
L’Afrique du Sud fait face à un défi de taille : protéger sa jeunesse face à un produit à la fois attractif et dangereux, encore trop peu encadré.
📌 Sources disponibles en fin d’article.
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